jeudi 28 février 2013

Le petit chaman



Tout en battant du tambour, le petit chaman piétinait sur la moquette bleu indigo de sa chambre et dont il avait bloqué la porte en posant simplement contre celle-ci et le mur, son gros ballon aux couleurs chatoyantes. La larme qui perlait sur sa joue droite, ainsi que les traces de doigts sur le haut de ses cuisses, exhortaient chez le pas toujours très sage petit magicien en culotte courte, à aller se faire consoler auprès de sa grand-mère. Il s'était paré du collier qu'elle lui avait offert lors d'un précédent voyage chamanique. Création purement spirituelle, le présent n'avait pas de réalité matérielle et seule la vision chamanique permettait d'en appréhender l'apparence, un simple lacet blanc et en guise de médaille une coquille de moule, et d'apprécier sous sa modestie la véritable et inestimable grandeur du cadeau. L'enfant ferma les yeux tout en continuant de piétiner et surtout de jouer du tambour.
Boum...Boum...Boum...
Il se retrouva sur un pont en pierre qui n'avait ni tenant, ni aboutissant. Il en avait l'habitude, et il attendit en toute sérénité que le monde spirituel donne un avant et un après en bois a l'ouvrage d'art, lui permettant ainsi d'aller vers son but. Le bois tranchait avec la pierre comme pour mieux exprimer que le pont était l'endroit ou la spiritualité prenait le relais de l'imaginaire du petit chaman. Sur la rive qu'il avait choisie, il retrouva son animal chamanique. C'était un beau lion, qui toujours fidèle aux rendez-vous de l'enfant, lui servait de guide et de protecteur dans les voyages. Pour aider le petit chaman dans l'univers immatériel et ne pas choquer son âme sensible, le spirituel lui offrait toujours une vision matérielle de son animal et des personnes qu'il venait voir. Pour le reste, le monde de l'esprit ne montrait que le strict minimum au petit magicien. Ainsi, il ne voyait jamais clairement les paysages dans lesquels il se trouvait. Aujourd'hui il lui semblait marcher sur un chemin de terre battue qui était bordé par des arbres ayant l'air d'avoir été brûles. Chemin sur lequel son animal chamanique lui ouvrait la route pour éloigner tout danger. Le lion ne s'éloignait pas trop cependant de son petit ami qui marchait toujours sous le son du tambour.
Boum...Boum...Boum...
 Le petit chaman et son compagnon à quatre pattes, arrivèrent en haut d'une colline qui surplombait le lieu du rendez-vous. Endroit jusqu'où le lion avait le droit d'emmener l'enfant. Ce dernier n'ayant pas l'évolution spirituelle nécessaire pour être autorisé à aller plus loin. Sa grand-mère devait elle aussi, faire du chemin pour venir rencontrer son petit-fils. Un édifice, entièrement en verre ou y ressemblant, ressortait du lieu comme une pépite d'or sur un papier noir. Le grand bâtiment était baigné par une lumière blanche très intense. La lumière était si vive, que le lion donna des lunettes de protection à l'enfant, avant qu'ils s'approchent de l'édifice ou ils attendirent. Comme a l'accoutumée, le monde de l'esprit cachait le véritable visage du bâtiment au petit chaman. Ainsi, le verre lui semblait a la fois si transparent, qu'il voyait l'édifice de part en part, et dans le même temps si opaque, qu'il ne voyait strictement rien. Il en était ainsi. Au bout de quelques minutes d'attente, le petit magicien vit s'approcher son grand-père. L'enfant n'était pas déçu pour autant. Il adorait autant son grand-père que sa grand-mère, et il savait que l'univers spirituel offrait toujours ce qui était adéquat. Et aujourd'hui c'est son grand-père qui était le plus apte pour le consoler. Les retrouvailles furent bien sur très chaleureuses, bien que sans effusion gestuelle. Les dialogues n'engendraient aucun son mais le grand-père raconta avec la voix de l'esprit, une histoire a son petit-fils qui en raffolait:
"Au pays d'Ouk sur la planète Wakiti située dans une lointaine galaxie, il y avait un petit village nomme Sagesse et ou les Oukins et les autres, vivaient en parfaite harmonie. Puis un jour, Autrui, dont l'esprit étain enclin a la haine gratuite, vint s'installer au village. Pour assouvira soif du mal, il prit en grippe le meunier à qui il venait chaque matin piller une grande partie de sa farine, et qu'il allait ensuite jeter dans les sables d'alentours. Un soir, las de la haine insane d’Autrui, l’homme du moulin emmitoufle dans sa couette, interpella les cieux:A quoi bon que l'eau coule a mon moulin, si sans cesse, Autrui vient piller et détruire ma farine? Puis il sombra dans les bras de Morphée. Sage conseillère, la nuit lui apporta une réponse. Heureux, il se leva encore plus tôt que de coutume et s'affaira a préparer un grand sac de farine ainsi  que des bombes de peinture, puis il emporta le tout dans les sables, content delà bonne leçon qu'il combinait. A l'aube, fidèle a son rendez-vous destructeur, Autrui pénétra dans le moulin...Il en ressortit quelques secondes après en pestant contre le meunier absent et sa farine inexistante, puis il se dirigea vers les sables. Alors, un Akara vint tourner au dessus de lui et vola vers le village. Mais Autrui ne prêta pas la moindre attention a l’oiseau. Ce dernier revint alors tournoyer autour de lui et repartit une nouvelle fois vers le village.  Mais Autrui n'en fit cas. L'Akara réédita une troisième fois son manège, car il voulait lui faire comprendre qu'il était stupide qu'il aille ce matin dans les sables, n'ayant rien a y jeter. Mais trop enchaîné par ses habitudes néfastes, Autrui manquait de lucidité et il poursuivit son chemin vers les espaces sablonneux où, l'esprit serein, le meunier l'attendait...
-Autrui, n'es-tu pas las de te lever de si bonne heure pour venir me piller? J'ai un marché à te proposer.
Heureux de voir l'homme qu'il avait désigné comme son ennemi, Autrui accepta de l'écouter.
-J'ai peint deux cercles sur le sol. Sous la peinture de l'un d'eux, il y a ma farine que j'ai mélangé avec le sable, tandis que sous l'autre cercle se trouve que du sable...mais mouvant! Tu dois entrer dans le cercle de ton choix. Si tu piétines ma farine, alors je quitterai le village. En revanche, si tu t'enfonces, je te sauverai peut-être, mais alors c'est toi qui devras partir. OK?
Autrui regardait son interlocuteur avec mépris, puis soudain, il éclata de rire en voyant l'Akara de tout a l'heure, venir se poser sur un des cercles et de picorer.
Bien sur, il accepta le marche du meunier et d'un pas assuré, il s'avança vers le cercle ou se trouvait l'oiseau. Mais au moment où il allait mettre un premier pied sur le sable peint, l'Akara s'envola pour aller se poser sur le second cercle où il picora également.
Plongé dans l'incertitude et sentant l'angoisse l'envahir, Autrui ramena sa jambe vers lui, puis d'un pas hésitant s'éloigna du cercle avant, vexé qu'il était, de s'enfuir en courant dans les sables. L'oiseau hocha la tête en croisant le regard du meunier. Ils savaient tous deux que sous les cercles, le sable était normal. Autrui avait même déjà marche dessus une centaine de fois, mais aujourd'hui il avait eu peur de le faire. L'attitude d'Autrui avait été celle escomptée par le meunier qui avait tablé sur la crainte pour le faire fuir, bien aide en cela, par la présence et le jeu inattendu de l'Akara. Celui-ci était assurément plus qu'un simple oiseau. Bien qu'il ait gagné, l'homme du moulin ne savoura pas ce moment. La vision d'Autrui, qui malgré la pénibilité de l'exercice dans le sable, continuait de courir vers un endroit dangereux, donna à la leçon une dimension dramatique imprévue. Alors, comme une prière et ayant compris le rôle de l'oiseau qui s'envola dans la direction de son adversaire, la voix du meunier s'éleva dans le ciel:
-Regarde l'Akara!!!
Dans sa course effrénée, Autrui pouvait apercevoir l'oiseau qui une cinquantaine de mètres devant lui tournoyait sans cesse au dessus d'une grande portion de sable parmi le sable, qu'il dessinait dans le ciel. Mais une nouvelle fois, le message de l'Akara demeura inefficace sur l'esprit d'Autrui. Celui-ci continua de courir et de s'approcher de plus en plus du danger...35 mètres...15 mètres...5 mètres...
.L'Akara n'avait plus le choix. Il se posa sur le sable dans lequel il s'enlisa à jamais, stoppant de manière brutale, la course d'Autrui a moins d'un mètre des sables mouvants. Les yeux enfin ouverts, Autrui scruta longuement le sable avec l'espoir d'en voir surgir l'oiseau, mais en vain...Sur le chemin du retour vers le village, une petite voix en lui, l'interpella :
Ne sois pas triste pour l'Akara. Une grande partie de ce qu'il représentait est en toi, mais était submerge par ta haine futile et stupide pour le meunier. L'Akara dont l'esprit était indéniablement élevé, avait accompli sa mission:
Préserver le meunier du mal et remettre Autrui sur le bon chemin de la vie.
Depuis ce jour, Autrui et le meunier furent les meilleurs amis du Monde. Le premier nommé venant souvent donner un coup de main au second, qui avait peint un Akara sur la porte de son moulin. Au pays d'Ouk, le petit village Sagesse resta un lieu édénique, où tous vivaient en parfaite harmonie pour le plus grand bonheur des uns et des autres."

L'histoire du meunier et d'Autrui avait enchanté le magicien en culotte courte, et il espérait bien que son grand-père lui conte d'autres histoires. Hélas...Hélas pour le petit chaman, sa mère qui l'invitait à passer a table, interféra sur la rencontre et le voyage chamanique. L'enfant remercia très chaleureusement son grand-père et lui demanda de donner mille baisers à sa grand-mère, puis pour accélérer le retour de l'autre côté, il quitta l'endroit à grandes enjambes en compagnie de son fidèle animal protecteur.
Le lion accompagna son petit protégé jusqu'a la partie en bois du pont. Le petit chaman salua avec tendresse son majestueux compagnon chamanique, et il avança vers la partie en pierre de l'ouvrage d'art, toujours sous le son du tambour.
Boum...Boum...Boum...
L'enfant se retrouva dans sa chambre où avant d'aller déjeuner, il rangea précautionneusement son petit tambour et son inestimable collier dans le deuxième tiroir de sa commode. Sa mère lui avait concocté un délicieux repas avec au menu, un pavé de thon a la sauce Roquefort agrémenté d'un gratin dauphinois et une succulente tarte maison aux framboises. L'enfant ne se fit pas prier pour satisfaire son appétit et sa gourmandise. Les mets présentés ne pouvaient que l'inviter à faire honneur à ce déjeuner. Après ce repas excellent et bienfaisant, sa mère allait le conduire comme chaque samedi après-midi à la maison de l'écriture. Il adorait ce lieu où en compagnie d'autres enfants, il pouvait s'adonner aux joies de la plume. Une vingtaine d'enfants étaient venus à la maison de l'écriture ce samedi. Aujourd'hui, ils allaient pouvoir entrer dans le monde de l'imaginaire, univers de l'enfant par excellence, avec l'écriture d'une petite nouvelle. Le petit magicien n'allait pas être le dernier à plonger corps et âme dans les nuages. A peine le temps pour les autres de sortir feutres et papiers, que sa plume glissait déjà sur les feuilles blanches.  Soudain, un bruit assourdissant envahit Cancale. Une terrible explosion venait de se produire dans un supermarché de la ville. Projeté au sol par le souffle, Arnaud se releva avec quelques égratignures. A ses côtés, une femme était plus sérieusement blessée aux jambes et avait grande peine à se tenir debout. Arnaud aida cette femme qui était très inquiète pour son bébé qui se trouvait quelques mètres plus loin dans son landau. Par bonheur, l'enfant était indemne et étonnement calme. Arnaud porta la femme dans ses bras et elle son bébé dans les siens et ils se mirent en quête d'une sortie de secours. Ils n'avaient pas de temps à perdre. Le magasin était la proie des flammes et la fumée commençait à devenir étouffante. Dehors, c'était la confusion qui régnait, tandis que les sirènes des pompiers et autres secours se faisaient entendre au loin. Malgré l'obscurité ambiante liée a la noirceur de la fumée, la femme trouva rapidement une porte de sortie. Malheureusement, le couloir qui menait à celle-ci était lui aussi proie des flammes. Arnaud  voyait mal.
-N'ayez crainte. Ayez foi en Dieu et avancez.-
La voix de la femme était cristalline. Arnaud ressentit un puissant magnétisme animal envahir tout son être, et sans comprendre, il se sentit soudainement sous l'aile de Dieu. Il avança alors avec assurance dans le couloir ou un miracle se produisit. Comme jadis les eaux pour Moise, flammes et fumée s'écartèrent pour les laisser passer. En même temps qu'ils sortaient du supermarché, les premiers secours arrivaient sur les lieux. Arnaud voulut emmener la femme et son bébé vers l'une des ambulances, mais elle lui demanda de ne pas le faire et le pria de les emmener chez lui.
-Avec plaisir, mais vos blessures?-
-Elles guériront d'ici peu.-
Arnaud et son épouse Agathe accueillirent avec bonheur cette femme au doux prénom d'Emilie et son fils Hésus. Comme elle l'avait dit, les blessures d'Emilie se  guérissaient avec rapidité et le soir au dîner, elles n'essaient plus qu'un lointain souvenir.
-Je vous remercie de tout cœur de nous héberger mon fils et moi. Comme vous pouvez vous en douter, nous sommes des enfants de la Divinité. Hésus est le demi-frère du Christ. Il est venu au monde avec la même conception que celle de Jésus. Un jour, au nom de Dieu, de l'Humanité, et de mon amour de mère, je vous demanderai de vous occuper de l'enfant Divin.
-Nous le ferons avec joie et amour, mais pourquoi cela Emilie?-
-Chère Agathe, j'ai incubé un virus mortel émis par le prince des ténèbres. Par bonheur, ce fut après la naissance du fils de Dieu et Hésus a été épargné.-
-Ne pouvez vous pas guérir de ce virus comme vos blessures l'ont été?-
-Non Arnaud. Dieu a ses raisons de ne pas le faire. Ma présence risque de dévoiler l'existence d'Hésus au prince des ténèbres, et lui montrer ainsi l'échec de son virus qui visait le fils de Dieu.-
Trois semaines passèrent sans que la santé d'Emilie ne donne le moindre signe de faiblesse. Et puis le vingt-deuxième jour la Divine Emilie quitta ce monde, victime du virus. Comme ils lui avaient promis, Agathe et Arnaud devinrent les parents adoptifs du petit Hésus.
 Les premiers pas de l'enfant Divin furent identiques a ceux d'un autre enfant. Pour deux, trois mètres sur ses jambes, un gadin sur les fesses attendaient le petit Hésus sous les yeux plein d'amour d'Agathe et d'Arnaud. Le couple protégeait le fils de Dieu, et nul au monde n'avait connaissance de l'existence d'un nouveau Messie sur Terre. Le demi-frère de Jésus avait bien le temps avant de se faire connaître de tous. Comme la naissance de l'enfant avait été cachée, ainsi que son adoption, c'est Agathe qui s'occupait elle-même de l'éducation scolaire de l'enfant Divin. Hésus était un élève studieux. Ce qui ne l'empêchait pas d'apprécier la fin des cours, pour pouvoir courir rejoindre son père adoptif dans sa boutique de meubles de style. Un père nourricier travaillant le bois, semblait être le destin commun pour les fils de Dieu. Après Joseph le charpentier pour Jésus, c'était Arnaud l'ébéniste pour Hésus.
 A l'age de sept ans, Hésus venait souvent jouer sur un chemin escarpe qui menait à la plage de Cancale. Il y retrouvait son ami Benjamin qui avait le même âge que lui. Tous les deux aimaient attraper avec les mains, les anguilles dans le ruisseau, et dans lequel, ils remettaient de suite leurs prises. Ce n'était qu'un jeu entre les mains de l'innocence et les créatures de l'eau. Les deux amis aimaient aussi descendre sur la plage ou avec des galets plats, ils se défiaient au jeu des ricochets sur la mer. C'est avec ce jeu, que le petit Hésus découvrit qu'il n'était pas un enfant comme les autres. Il pouvait avec son esprit commander le nombre de ricochets et celui-ci se concrétisait dans la réalité. L'enfant Divin en profita largement, et qu'il fut le premier ou le second a lancer un galet, il s'arrangeait toujours pour que son ami fasse un ricochet de plus que lui. Le bonheur que dégageait le cœur d'un Benjamin heureux, emplissait de joie celui du fils de Dieu qui savait que son ami atteint de nanisme, n'était pas souvent à la fête avec les autres enfants. C'était vraiment dommage. La valeur des gens ne se mesure pas à leur taille. Hésus intervenait souvent contre les moqueries de quelques garçons et filles à l'intention de Benjamin. Avec la fulgurance de son regard et son discours d'adulte, l'enfant Divin en imposait déjà et aucun n’osait contredire ses propos. Hésus savait depuis toujours qu'Emilie était sa mère. Il lui rendait visite chaque jour, fleurissant avec amour sa dernière demeure. Mais aujourd'hui avec sa découverte d'un pouvoir sur les choses, ses parents adoptifs savaient que le moment était venu pour l'enfant de savoir qui était son père. Agathe lui remit une lettre d'Emilie. C'est dans sa chambre que le petit Hésus lut sa maman.
Mon fils,
L'amour est un printemps perpétuel. Que mes pensées pour toi emplissent ton cœur de ce bouquet éternel. Que ton amour et ta sagesse emplissent le cœur et l'esprit de l'Homme. Ainsi le bonheur sera. Une destinée Divine a engendré en mon sein le fils de Dieu que tu es Hésus. Enfant des cieux, soulève les montagnes du jour pour ceux qui souffrent, engendre un futur
radieux pour ceux qui vont naître, illumine les bons chemins pour ceux qui s'égarent. Ecoute Hésus la voix de Jésus: tu es le nouveau Messie ou dans une seule image doivent se confondre harmonieusement, l'esprit et la matière, l'idée et l'action, le pouvoir et la sagesse, l'amour et la raison, le Ciel et la Terre .En vérité, en vérité, je te le dis Hésus, la tache sera ardue et tu ne seras pas épargné ici bas. Les insultes, les quolibets, les mensonges fleuriront à tes oreilles. Ton chemin sera semé d'embûches. Ta vie sera même menacée, mais tu accompliras l’œuvre de Dieu notre Père. En vérité, en vérité, je te le dis Hésus, tes paroles d'amour et de sagesse qui seront celles pour le monde d'aujourd'hui, seront souvent miennes d'hier.
Mon fils, je te regarde dormir paisiblement dans ton berceau, pendant que ma plume tremble ces quelques mots que ton cœur découvrira un jour ou je ne serai, tout en étant toujours à tes côtés. Aujourd'hui mon cœur est triste, mais je sais qu'Agathe et Arnaud te chériront comme leur propre enfant. Je les embrasse tous deux. Je t'embrasse de tout mon amour, mon fils, mon bébé, mon enfant.
Maman qui t'aime

Dans un mélange de joie et de tristesse, les larmes perlaient sur les joues de l'enfant Divin qui serrait fort contre lui, contre son cœur, la lettre de sa maman Moment d'intimité que ne vint troubler ni Agathe, ni Arnaud
A onze ans, Hésus venait chaque jour sur la plage de Cancale, s'asseoir sur un rocher à l'abri des vagues et du vent. Pendant que ses yeux couleur azur se promenaient sur la beauté du paysage, son esprit était aux cieux. Il conversait ainsi durant des heures avec son Père et son demi-frère. Ce dernier lui était d'une aide précieuse pour la divine appréhension de ce monde ou l'éveil humanitaire tardait à être une réalité universelle. Benjamin venait parfois troubler la relation entre Hésus et les Cieux.
-Tu viens jouer Hésus?-
-Non Benjamin. Et je croyais que tu ne devais pas venir me déranger ici?-
-Je sais. Tu es fâché?-
-Comment veux-tu que je sois fâché contre toi? Mais lorsque je viens sur le rocher, j'ai besoin d'être seul et je t'ai déjà dit pourquoi.-
-Oui. Pour parler avec Dieu. Je vais attendre mon ami au ruisseau alors.-
-Oui .Dieu t'aime Benjamin.-
-Moi aussi, je m'aime bien!-Et Benjamin éclata de rire. Un rire communicatif qui engendra celui du fils de Dieu et qui finalement accompagna de suite son ami au ruisseau. Ils y retrouvèrent le petit moulin en bois qu'ils avaient construit avec l'aide d'Arnaud. Aujourd'hui, ils allaient devoir le réparer après le passage nocturne d'impétueuses  bourrasques. Benjamin en était fou de colère, et il se mit à invectiver contre le vent. Hésus qui condamnait comme Jésus, le meurtre, la haine, la vengeance et la colère, s'appliqua a redonner calme a son ami.
Les deux adolescents fêtèrent leur onzième anniversaire chez les parents de Benjamin. Agathe et Arnaud étaient de la fête. Le fils de Dieu reçu de ses parents adoptifs, une magnifique bible manuscrite avec une plume d'oie. Plus tard pendant sa mission, Hésus allait pour une vente de charité, offrir le joli livre à une organisation caritative. Mais des maintenant, Hésus qui savait hormis miracles, que jamais paroles sur une plaie n'avaient guéri, que jamais mots dans une assiette n’avaient nourri, que jamais phrases au dessus de la tête n'avaient abrité, participait avec Benjamin et leurs parents à des oeuvres humanitaires Comme beaucoup d'autres, ils contribuaient à faire croître, repas, soins et toits. Adulte, Hésus s'emploiera a lutter contre les causes de la misère. Pour ses quinze ans, Benjamin avait eu un cyclomoteur électrique. Il en rêvait depuis longtemps. Apres la fête, il n'eut pas besoin d'attendre pour que Morphée l'accueille dans ses bras. Pendant son sommeil, son esprit se promena comme à l'accoutumée dans le royaume des rêves. Benjamin se retrouva ainsi dans un endroit cosmique. Devant et derrière lui, il pouvait contempler une nuit couleur violette et parsemée d'étoiles aux reflets d'or et d'argent. Sur ses côtés, ce sont deux murs en cristal qui s'offraient à son regard. Sur chacun d'eux, une bouche et deux yeux saillaient avec splendeur. Sur le cristal de droite, ils étaient en or, tandis que  |sur celui de gauche, ils étaient en argent.
-Ou-suis-je?-Demanda Benjamin
-Au forum des Cieux.- Répondit la bouche d'argent.
-Au forum des Cieux?-Interrogea un Benjamin avide de savoir.
-Oui Benjamin. Tu es dans le salon des voix du bien et du mal, et tu es l'ami de mon fils, expliqua la bouche d'or.
-Dieu? Vous êtes Dieu! Et lui, c'est la voix du mal ?-Questionna un Benjamin de plus en plus curieux.
-Moi je suis le Diable et je suis ton seul et véritable ami!-Affirma la bouche d'argent.
-N'écoute pas les mensonges de ce vil esprit. .Ecoute ton cœur Benjamin  Rétorqua la bouche d'or.
-Ne crois pas un mot de l'infâme menteur des Cieux. Ouvre plutôt les yeux! le fils de Dieu se fiche de toi .Il ne t'aime pas! Il a juste pitié de ton nanisme!-Surenchérit la bouche d'argent.
-C.est faux! Hésus aime   par amour des autres, et ce n'est pas par pitié qu'il est mon ami!-Répliqua Benjamin
- Souviens-toi du jeu des galets. Tu gagnais toujours.- Lâcha la bouche d'argent.
-La calomnie visant à dévoyer Benjamin et à souiller mon fils, voila bien l’œuvre du Malin. Gardez vous bien de vilipender l'amour de son prochain! Et n'essayez plus jamais d'inférioriser Benjamin pour satisfaire votre sombre dessein qui est de dénigrer Hésus! Gardez vos vils propos pour vous!-La bouche d'or vitupéra ainsi la bouche d'argent. Puis les images, les dialogues, s'estompèrent dans l'esprit de Benjamin  qui au matin ne se souvint de rien.
Profitant d'une éclaircie sur le chemin du retour, Hésus arrêta sa voiture à la lisière d'un bois. La beauté de l'endroit reflétait la poésie de la nature. Sous les arbres aux feuilles infléchies par les eaux du ciel, Nathalie et le fils de Dieu marchaient vers la clairière. Un fin rayon de soleil caressait la partie dénudée du bois, qui ressemblait à une peinture avec ses clairs-obscurs. Grande brune au visage agréable, Nathalie avait sept ans de plus que les vingt printemps du fils de Dieu. Elle traversait une période douloureuse depuis la disparition de son fiancé, tué dans le bombardement du camp de la croix rouge où il était chirurgien. Son amour pour sauver la vie d'autrui, avait emmené Robert dans un pays embrasé par une terrible et sanglante guerre civile. Le vent de la sagesse était une nouvelle fois chimère. Cinq mois après la disparition de Robert, Nathalie avait trouvé un peu de réconfort à Notre-Dame de Paris et au Père-Lachaise. C'est au cimetière parisien, qu'elle avait rencontré Hésus. Le fils de Dieu était venu visiter ce lieu à l'âme douce et respectueuse .Il avait pu admirer nombre de belles oeuvres à la mémoire d'inconnus ou de personnalités comme Frédéric Chopin, mais aussi s'arrêter sur nombre de sépultures discrètes. Hésus pria avec la même ferveur pour chacune de ces âmes. Au détour du chemin du Quinconce, le fils de Dieu s'était retrouvé à hauteur du tombeau joliment fleurie d’Allan Kardec. Nathalie se tenait devant l'admirable buste de l'écrivain et spirite. Pour ne pas importuner, Hésus avait poursuivi sa visite quelques mètres plus loin, vers la dernière demeure de Guillaume Apollinaire. C'est devant la sépulture du poète, quelques minutes après, que Nathalie littéralement attirée par le fils de Dieu, avait osé l'aborder. D'un mot à un autre, la conversation s'était engage entre-eux. Celle-ci s'était poursuivie dans un café voisin du Père-Lachaise, où en confiance, Nathalie avait raconté sa vie et ses malheurs à Hésus. Il lui avait alors propose qu'elle l'accompagne quelques jours en Bretagne, pour qu'il puisse l'aider. Elle avait accepté avec plaisir. Dans la voiture et sous une pluie battante, Nathalie s'était mise à déclamer un texte qu'elle avait écrit ,il y'a bien longtemps, à l'école primaire.
Maîtresse de larmes, vous traversez le temps, foudroyant sous votre feu infâme, nombre de vies, nombre d'espoirs, nombre d’innocents, nombre d'enfants.
Madame la mauvaise, maîtresse de haine, votre sombre folie germe à foison, à travers les âges, à travers le monde, écrivant en gras l'histoire du mal.
Madame sans cœur, maîtresse de fer, vous répandez l'encre des êtres, gravant l'horreur sur de nombreuses terres, gravant douleur dans de nombreux cœurs. Madame la guerre, on vous déteste, rangez votre âme, gardez vos glas et laissez vivre les gens en paix et laissez vivre la Terre entière.
Dans la clairière du bois ou ils étaient venus se dégourdir les jambes pendant une accalmie du ciel, Hésus passa sa main dans les cheveux de Nathalie. Ce n'était pas un geste évoquant un désir charnel du fils du Divin, mais l'expression de sa chaleur humaine qu'il voulait rendre palpable .Hésus ne voulait pas offrir le visage d'un être à la parole chaleureuse, mais à l'accompagnement distant dans le geste. Il profita du moment pour découvrir sa Divinité à Nathalie et exprimer le souhait qu'elle marche comme Benjamin, sur le chemin de lumière qui mène à celui d'Apôtre .Elle accepta sans l'ombre d'une hésitation.
De sa vingt et unième année à ses vingt huit printemps, Hésus parcourut un grand nombre de pays pour y rencontrer des sages. En compagnie de Nathalie et Benjamin, le fils de Dieu préparait le terrain pour sa mission future Dans ses voyages aux quatre coins du monde, Hésus avait rencontré le Pape au Vatican. C'est en l'an 3025, à vingt neuf ans, que le fils de Dieu débuta sa mission Divine. Ce fut une véritable folie partout dans le monde, à l'annonce de l'existence d'un nouveau Messie sur Terre. Durant sept années, le fils de Dieu et ses deux Apôtres allaient délivrer à tous un message d'AMOUR et de SAGESSE."
Le petit chaman terminait à temps sa petite nouvelle. La maison de l'écriture n'allait pas tarder à fermer et sa mère l'attendait à la sortie. Le cœur léger, l'enfant quitta le lieu et retrouva sa maman

Texte de : L'Aventurier

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