Choque, la poule a couvé cette année-là des œufs parmi lesquels la fermière avait mis un œuf de cane. Dès que les petits poulets sont sortis de leur coquille, grelottant de froid, ils se sont enfoncés dans le chaud duvet maternel.
Mais le caneton a grimpé sur le bord de l’assiette d’eau, et se laissant glisser sans hésitation, s’est mis à barboter avec délice. Choque, effrayée, a poussé énergiquement de la tête et du cou pour sauver son rejeton qu’elle croyait en danger, mais le petit canard entêté a sauté à nouveau dans l’eau, au grand désespoir de sa mère.
Elle a culbuté l’assiette pour l’en retirer. Enfin le caneton a rejoint sous l’édredon chaud du ventre et les épaisses couvertures des ailes, ses petits compagnons de nid.
Quand, au bout de quelques jours, Choque a conduit sa petite famille ailée en promenade, le premier souci du petit canard a été de cherche de l’eau.
Toute flaque lui était bonne. Dès qu’il en trouvait une, il se précipitait, tordant son minuscule derrière, penchant son petit cou en avant. Choque l’appelait pour le faire rejoindre au plus vite le gros de la famille, mais le récalcitrant ne voulait rien entendre et la journée de la couvée se passait obligatoirement près de l’eau.
D’après Louis Pergaud, La revanche du corbeau Ed. Mercure de France.
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