Un beau jour du mois d’avril, le troupeau d’oies est mis en liberté dans la basse-cour. Tout à coup, des oies sauvages passent très haut dans le ciel. Elles crient et appellent comme c’est leur habitude.
Les oies domestiques leur répondent en battant des ailes. Brusquement, un grand jars blanc prend son vol et rejoint ses parents sauvages.
On s’attend à le voir revenir très vite, mais il n’en fait rien. Après une journée, on pense qu’il a disparu pour toujours. Un renard ou un aigle l’ont sans doute mangé. Ou peut-être s’est-il simplement écrasé par terre en retombant du ciel, à bout de forces.il ne semble pas possible qu’une oie domestique puisse suivre des oies sauvages dans leur long voyage.
On ne parle plus du jars blanc de tout l’été.
Puis l’automne arrive. Des bandes d’oies sauvages sillonnent de nouveau le ciel. Elles crient et appellent comme de coutume. La fermière, se souvenant du départ du jars blanc, conduit les oies domestiques vers l’étable.
Tout à coup, elle entend un grand bruit au-dessus de sa tête, et presque aussitôt une bande d’oie se pose devant elle. Un superbe jars blanc marche à la tête du troupeau, suivi d’une grosse oie sauvage grise et de neuf jolis oisillons.
Pour ne pas les effrayer, la fermière tire à elle la porte de l’étable et se cache derrière.
Le jars blanc entre dans l’étable, suivi de toute la famille. Ils vont vers l’auge remplis d’avoie et d’eau et se mettent à manger. Le jars jacasse et semble dire :
-Vous voyez à quoi j’ai été habitué. J’ai été servi toute ma vie, et je n’ai jamais eu de souci pour ma nourriture.
D’après Selma Lagerlof « Morbacka » ed. Stock Delamain et Boutelleau éditeurs
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