Coquillard, le bel escargot gris décide de quitter la touffe d’iris qui le cache aux yeux de tous, pour aller déjeuner, à l’autre bout du jardin, dans le carré de salades.
Il emmène ses deux petits : Coquillette et Coquillon, pas plus gros que deux pois.
-Attention, leur dit-il, c’est dangereux ! Il faut traverser la grande allée, chacun peut nous voir et nous saisir. Et puis, il passe des choses énormes qu’on appelle des pieds, et qui peuvent nous écraser. Il y a aussi les roues des brouettes, les dents des râteaux... Attention !
Les voilà partis. Ils rampent lentement, avec efforts, sur le sable. Coquillard guide les deux petits. Chacun laisse sur le sol une traînée brillante, un beau chemin d’argent.
Lentement, ils arrivent aux salades. On vient d’arroser ; comme il fait bon ! Chacun entame une feuille. Quel régal !
Tout à coup, une grande ombre s’avance. C’est le jardinier qui a vu la traînée brillante des escargots...
-Oh ! dit-il, le voilà celui qui dévore mes salades !
Coquillette et Coquillon voient le jardinier jeter leur père dans un pot de fleurs recouvert d’une planche, et s’en aller en disant :
-je mangerai mes escargots, dimanche.
Quelle horreur ! pensent les deux petits.
Les deux petits escarbots font le tour du pot de fleurs et montent jusqu’au bord. Le petit Coquillon passe sa tête entre la planche, mais il fait si noir à l’intérieur qu’il ne voit rien.
Papa Coquillard, lui, aperçoit son petit :
-Coquillon, lui crie-t-il, ne reste pas là, tu te ferais prendre ! Retourne dans les iris, emmène Coquillette.
Les deux petits s’en retournent tristement. Ils vont se cacher dans les iris et ils réfléchissent.
Comment faire pour délivrer papa ?
Soudain, un tremblement de terre ! Les plantes autour de Coquillette se penchent, les racines se soulèvent. Coquillon fait la culbute, un peu de terre est lancée sur lui. Et il voit apparaître un gentil museau. C’est Veloutine, la taupe.
-Veloutine ! Veloutine ! J’ai une idée !!
-Que veux-tu ? demande la taupe.
Coquillon explique ce qu’il désire.
Je veux bien t’aider, dit Veloutine, mais il faut me guider. Je vais avancer sous terre ; tu m’indiqueras quelle direction je dois prendre, et quand j’approcherai du pot, tu me le diras.
Ainsi on voit sortir, par moment, la patte de Veloutine et Coquillon dirige la taupe.
-Tu es arrivée ! Voilà le pot de fleurs !
Alors Veloutine se met à faire une taupinière, juste au bon endroit, sous la prison des escargots. La taupe soulève la terre de toutes ses forces, et, tout à coup, le pot de fleurs bascule.
-Bonne Veloutine, merci !
Papa coquillard sort avec ses camarades
Coquillette et Coquillon repartes avec eux, jusqu’à la touffe d’iris. Ils sont tout joyeux.
Le lendemain, le jardinier ne retrouve qu’un pot de fleurs renversé, et de longues traces brillantes.
D’après ML Vert « Chocoline et le printemps » Ed. Magnard
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