mardi 11 décembre 2012

Gainsborough, L'Enfant en Bleu


Gainsborough ou la grâce dans la peinture anglaise
« L’enfant en bleu », le portrait réalisé par Thomas Gainsborough, est tenu, à certains égards, pour le plus parfait qui ait jamais été peint par un Anglais. Les œuvres de ce grand artiste du XVIIIe siècle sont au nombre des gloires de l’Angleterre. Elles figurent à la cimaise de presque tous les principaux musées du monde. Gainsborough cependant peignait avec une telle désinvolture que son travail semblait facile à ses contemporains.
Ses tableaux n’étaient jamais le fruit de longues méditations, il peignait comme la plupart des artistes prennent un croquis : sous l’inspiration du moment. Parfois, son client le trouvait en train de jouer du violon. De grandes beautés comme Mrs. Richard Brinsley Sheridan, par exemple, en ont fait l’expérience. Un des confrères de Gainsborough nous décrit une scène de ce genre : « L’esprit aussi vide de toute préoccupation artistique que la toile blanche posée sur son chevalet, Gainsborough regarde la dame avec une attention soutenue, bavarde avec elle, la fait parler. Soudain, tandis qu’elle se tourne sur sa chaise et que son visage s’anime, l’artiste pris d’inspiration s’écrie : « Ne bougez plus ! » Il saisit sa palette et se met à peindre. »
Gainsborough a déclaré à maintes reprises que c 'est la beauté de sa campagne natale, le Suffolk, qui a fait de lui un peintre.
Né en 1727, dans une famille de condition modeste, son instruction fut très rudimentaire mais, tout petit garçon encore, il courait les champs et les bois, équipé d’un carnet de croquis. A peine adolescent, il passa trois and dans une académie de peinture à Londres, où il apprit également la gravure avec le Français Hubert Gravelot. Son véritable professeur de peinture toutefois fut la nature. Qui d’autre aurait pu lui enseigner cette touche poétique, cet effet aérien, vaporeux, ce rayonnement de vie qui est la marque de ses œuvres ?
L’esprit de l’Angleterre champêtre souffle dans les paysages de Gainsborough : pâturages onduleux, bouquets de chênes tordus à la lisière d’une forêt, char de foin au détour du chemin. Ils rivalisent avec les chefs-d’œuvre des paysages du monde entier. Mais c’est aux portraits que l’artiste doit sa plus grande célébrité. Ils sont d’une si grande ressemblance que, dès ses débuts, les clients le harcèlent. A dix-huit ans, son pinceau le fait vivre. Quand, à l’âge de trente-trois ans, il s’installe dans l’élégante ville d’eaux de Bath, il gagne des sommes considérables.
En 1774, le peintre est prêt à affronter Londres. Un groupe brillant d’artistes et d’écrivains s’y donnent rendez-vous : le Dr Samuel Johnson, Oliver Goldsmith, l’acteur David Garrick et le grand portraitiste sir Joshua Reynolds. Là, bien qu’étranger à ce milieu, le jeune artiste s’épanouit, sa réussite s’affirme. Ducs et duchesses, généraux, amiraux, diplomates se pressent à sa porte. Il est invité au palais royal. Le roi Georges III désire qu’il fasse son portrait, ensuite celui de la reine Charlotte, puis il lui demande de peindre leurs enfants, et ne cesse de commander de nouvelles toiles.
Au cours de sa carrière longue de quarante-trois ans, Gainsborough a peint quelques 1200 tableaux (plus d’un par quinzaine) mails il n’a jamais perdu ce style spontané que le grand critique d’art, John Ruskin, a comparé à « l’éclair d’un rayon de soleil ».

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