mardi 11 décembre 2012

Meilleurs Poèmes d'Amour de Saint-Valentin


La Saint-Valentin approche à grands pas.  Un poème d'amour pour ce jour-là, si vous n'avez pas de quoi lui faire un cadeau sera toujours le bien-venu.
Petit rappel pour les étourdis, comme chaque année, c'est le 14 février, et on n’oublie pas messieurs ! même si c'est commercial !
Si vous êtes en panne d'inspiration, laissez-vous souffler un poème d'amour par nos plus grands auteurs classiques : Aragon, Hugo, Musset, Baudelaire, Louÿs, Eluard ou Prévert. Il y a de très beaux recueils de poèmes d'amour, peut-être est-ce le jour  de lui en offrir un...

Nous dormirons ensemble.

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
Louis Aragon
Mon bras pressait...
Mon bras pressait ta taille frêle
Et souple comme le roseau ;
Ton sein palpitait comme l’aile
D’un jeune oiseau.
Longtemps muets, nous contemplâmes
Le ciel où s’éteignait le jour.
Que se passait-il dans nos âmes ?
Amour ! Amour !
Comme un ange qui se dévoile,
Tu me regardais dans ma nuit,
Avec ton beau regard d’étoile
Qui m’éblouit.
Victor Hugo (1802-1885) Les Contemplations (1856)
Se voir le plus possible...
Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe, ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son cœur à tout moment ;
Respecter sa pensée aussi loin qu'on y plonge,
Faire de son amour un jour au lieu d'un songe,
Et dans cette clarté respirer librement -
Ainsi respirait Laure et chantait son amant.
Vous dont chaque pas touche à la grâce suprême,
C'est vous, la tête en fleurs, qu'on croirait sans souci,
C'est vous qui me disiez qu'il faut aimer ainsi.
Et c'est moi, vieil enfant du doute et du blasphème,
Qui vous écoute, et pense, et vous réponds ceci :
Oui, l'on vit autrement, mais c'est ainsi qu'on aime.
Alfred De Musset (1810-1857) Poésies nouvelles (1850)

À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire (1821-1867) Les Fleurs du mal (1857)

Le passé qui survit
Je laisserai le lit comme elle l'a laissé, défait et rompu, les draps mêlés,
Afin que la forme de son corps reste empreinte à côté du mien.
Jusqu'à demain je n'irai pas au bain, je ne porterai pas de vêtements
Et je ne peignerai pas mes cheveux, de peur d'effacer les caresses.
Ce matin, je ne mangerai pas, ni ce soir, et sur mes lèvres
Je ne mettrai ni rouge ni poudre, afin que son baiser demeure.
Je laisserai les volets clos et je n'ouvrirai pas la porte,
De peur que le souvenir resté ne s'en aille avec le vent.
Pierre Louÿs (1870-1925) Les Chansons de Bilitis (1894)
Je t'aime
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer.
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.
Paul Éluard (1895-1952) Le phénix (1951)

Pour toi mon amour
Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j'ai acheté des chaînes
De lourdes chaines
Pour toi
Mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t'ai cherchée
Mais je ne t'ai pas trouvée
Mon amour
Jacques Prévert (1900-1977) Paroles (1945)

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